Travail forcé à la Völkinger Hütte
La Première Guerre mondiale
L'interdiction du travail forcé était motivée par les pratiques en place, destinées à faire face à la pénurie de main-d'œuvre pendant la Première Guerre mondiale. Le recours aux prisonniers de guerre était toutefois conforme à la Convention de La Haye et il fut pratiqué par la plupart des pays en guerre. S'agissant des travailleurs forcés civils, on passe graduellement du recrutement volontaire au travail forcé au cours de la guerre. Ce sont surtout les chômeurs des zones occupées notamment en Belgique, en Lituanie, en Russie-Pologne, qui sont emmenés en Allemagne pour y être contraints au travail forcé.
Entre 1915 et 1918, près de 1 446 travailleuses et travailleurs forcés ont travaillé dans la Völklinger Hütte, selon la chronique de l'entreprise. Ces travailleurs venaient en grande partie de Russie et de Belgique. Les 143 travailleuses et travailleurs forcés polonais, russes, belges, français et italiens dont on connait le nom, la date de naissance et l'origine, sont celles et ceux qui sont décédés à Völklingen et qui figurent dans le registre des décès de la ville de Völklingen.
Travail forcé à la Völkinger Hütte
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Französische Kriegsgefangene in der Völklinger Innenstadt, um 1940 © Bundesarchiv Koblenz
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Russische und serbische Zwangsarbeiter in der Völklinger Hütte © Weltkulturerbe Völklinger Hütte | Archiv Seibold
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Zwangsarbeiter bereiten Strohmatratzen vor © Hubert Kesternich
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Zwangsarbeiter beim Fußballspielen © Weltkulturerbe Völklinger Hütte | Saarstahl Archiv
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Zwangsarbeiterin bei der Arbeit an einem Werkstück © Weltkulturerbe Völklinger Hütte | Saarstahl Archiv
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Zwangsarbeiterin an einer Drehbank © Weltkulturerbe Völklinger Hütte | Bundesarchiv / Historisches Museum Saar
La Seconde Guerre mondiale
Alors que la pénurie se fait de nouveau ressentir pendant la Seconde Guerre mondiale, l'état-major nazi et les grands industriels allemands se souviennent des mesures de recrutement des travailleurs forcés de la guerre précédente. Ils se souciaient peu de l'interdiction du travail forcé. Après l'arrivée d'Hitler au pouvoir, l'Allemagne avait quitté la Société des Nations.
Hermann Röchling a joué un rôle prépondérant du fait de ses fonctions de direction dans le Reich allemand (Troisième Reich). « Industriel de l'armement », membre du Conseil de l'armement, Président de la « Reichsvereinigung Eisen » (Fédération du Reich Fer) et délégué du Reich pour le fer et l'acier dans les zones occupées, il a joué un rôle décisif dans le recrutement de travailleurs forcés dans les pays européens occupés et leur déportation vers les usines sidérurgiques de l'ensemble du Reich allemand. Ces actions portaient le nom de « Programme Röchling », « Campagne Röchling » ou aussi « Transports Röchling .»
Au total, près de 70 000 travailleurs étrangers et prisonniers de guerre ont travaillé dans les mines, fonderies et usines de la Sarre pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans la Völklinger Hütte et ses différents établissements, 11974 travailleurs forcés, hommes, femmes et enfants, ont été enregistrés. On comptait parmi eux des prisonniers de guerre français, italiens et russes ou des civils russes et ukrainiens déportés de l'ancienne Union soviétique.
La plupart d'entre eux étaient contraints, par la menace ou l'exercice de représailles, à participer à la production d'armes qui étaient alors utilisées contre leur propre pays. Le principal instrument de contrainte était le « camp de rééducation par le travail » Etzenhofen utilisé par les usines sidérurgiques Röchling pour « discipliner » les travailleurs. Les travailleurs étrangers « rebelles » y étaient conduits après leur quart pour être sanctionnés par une privation de sommeil et des exercices punitifs. En journée, les travailleurs étaient affectés aux travaux les plus ardus et les plus dangereux.
Les travailleuses et travailleurs forcés d'Union soviétique ou « travailleurs de l'Est » ont particulièrement souffert des représailles. Parmi eux, le taux de mortalité était plus élevé que pour tous les autres. Les conditions de travail étaient discriminatoires et inhumaines. 261 travailleurs étrangers, pour la plupart des travailleuses et travailleurs forcés, sont décédés. Parmi eux se trouvaient aussi soixante enfants et jeunes enfants.
Le travail forcé aujourd'hui
Même au XXIe siècle, la traite des êtres humains, le travail forcé et le travail des enfants restent des défis majeurs pour la communauté internationale. Selon une estimation de l'OIT, 40 millions de personnes dans le monde sont touchées par des formes modernes d'esclavage. Alors que les victimes souffrent des conséquences de leur exploitation, les auteurs réalisent des milliards de profits. Dans le seul secteur privé qui occupe près de 90 % des travailleurs forcés, 150 milliards de dollars américains de profits illégaux sont réalisés chaque année, dont 47 milliards rien qu'en Europe et autres pays industrialisés. Les profits réalisés dans les pays industrialisés sont bien plus élevés que ceux réalisés dans les pays en voie de développement.
Source : ILO Allemagne du 21 mars 2019