My Landscape

Ralph Roelse est connu – ou plutôt faudrait-il dire encore trop peu connu – pour ses peintures abstraites au minimalisme exacerbé qui mettent l’observateur au défi. Il les installe régulièrement sans autorisation dans des espaces qui, s’ils sont ouverts, ne relèvent pas exactement des espaces publics au sens propre du terme. Car à ses yeux, « l’illégalité profite au travail ». On peut ainsi traverser un pont dans une zone industrielle lambda d’Eindhoven, sans se douter qu’il suffit d’en descendre pour trouver en dessous une peinture murale conceptuelle digne de figurer dans un musée. Les trains de marchandises qui traversent les installations portuaires du Benelux arborent ses formes libres finement agencées ou ses géométries expérimentales sur leur surface d’acier.
Parallèlement, Ralph Roelse poursuit une pratique artistique en atelier non moins profonde. Chez lui, ces deux versants ne sont pas distincts, mais s’influencent mutuellement. Enfin, la photographie joue également un rôle décisif dans sa production. Sans oublier qu’avec lui, la peinture en extérieur ne se fait pas en autarcie, mais devient partie intégrante d’un complexe paysager postindustriel. Inversement, le travail dans l’atelier peut être traduit pour transformer l’espace à l’instar des graffiti dans le land art urbain. La mise en scène du regard et le convoyage à mi-chemin du documentaire et de l’art sont systématiquement intégrés dans sa pensée.

Robert Kaltenhäuser